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degré de perfection. En dernier lieu, ce fut Meyerbeer qui tissa ses magnifiques partitions, sur une trame, du plus vif intérêt ; ce fut la Malibran et sa sœur, qui chantèrent en tragédiennes. Le public tout en admirant avec enthousiasme ces rares exceptions, ne devint pourtant pas injuste pour ceux qui se bornaient aux simples exigences de leur spécialité. Mais il se trouva une imagination ardente, un génie extraordinaire, destiné à porter une double couronne de flamme et d’or, qui rêva ambitieusement comme rêvent les poètes, un progrès tel, que s’il est jamais donné à l’art de le réaliser, et aux sociétés de le goûter, ce ne peut être que dans un temps où les publics ne se composeront plus de cette masse flottante, ennuyée, distraite, ignorante, présomptueuse, qui vient de nos jours dans les salles de spectacle prononcer des arrêts et dicter des lois, que les plus hardis tentent à peine d’éluder.

Wagner, l’artiste passionné, dont il ne suffirait pas de dire qu’il est consciencieux dans son amour du Beau, car il est rongé par la noble et secrète plaie du fanatisme de l’art, Wagner, dont l’esprit autant par ses facultés que par sa haute culture, était également sensible aux charmes de tous les arts, et dont le cœur battait avec la même animation devant l’Iphigénie d’Euripide que devant celle de Gluck, Wagner prit en dédain nos us et coutumes. Blessé