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Il revient toutefois, le chevalier-poète, le malheureux et illustre coupable. Mais qui reconnaîtrait sous les habits déchirés de ce pélerin aux yeux hagards, à la démarche chancelante, le brillant vainqueur de tant de rivaux ! C’est avec difficulté que Wolfram retrouve ses traits si changés par une livide pâleur. Il l’interroge, impatient de connaître son sort. Tannhäuser ne lui répond qu’en lui demandant avec ironie le chemin de la grotte maudite. Saisi d’horreur, Wolfram n’abandonne pourtant pas celui qu’aimait Élisabeth ; il ne se rebute point ; il continue ses questions, et le pénitent décharné, dans l’amertume et l’écrasement de son cœur, lui fait le récit de ce voyage, durant lequel transporté d’un seul sentiment, il eût voulu rassembler sur lui toutes les humaines souffrances, pour en combler la douleur de sa sainte maîtresse,.... « alors que les ronces et les épines des chemins, lui paraissaient un duvet trop moëlleux pour ses pieds meurtris ; alors qu’il ne préservait ses membres ni de la neige des glaciers, ni des ardeurs du soleil, et que, fermant les yeux à toutes les beautés de ce monde, il baissait les paupières en traversant les splendeurs de l’Italie, pour ne pas se laisser surprendre par la moindre joie ! Il était ainsi arrivé à Rome plus macéré que les plus austères, plus repentant que les plus humbles. Il avait confessé son crime..... mais celui qui a puissance de lier et de délier le frappa de cette sentence : « Quiconque a une fois brûlé des