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sonnifié en musique des rôles et des idées. Le retour des cinq phrases dont nous avons essayé de suivre les méandres : celle de l’introduction, celle qu’on entend lorsque le jugement de Dieu est invoqué, celle qui apparaît en même temps que Lohengrin, celle qu’il chante en imposant le serment d’Elsa, et celle qui accompagne les néfastes menaces d’Ortrude, de même que le retour moins fréquent, mais toujours justifié de motifs secondaires, ne permet naturellement de suivre toute la pensée dramatique, et d’éprouver toute l’émotion qui doivent résulter de cette complication, si neuve, si claire et si lucide dans ses tours et détours constans, que lorsqu’on est à même de s’initier à toutes les nuances déployées, à toutes les intentions cachées dans l’engencement général du plan de ce beau monument.

Il est des hommes qui, à l’aide d’une seule idée, d’une seule invention, d’une découverte minime en apparence, apportent des changemens immenses dans la sphère à laquelle ces découvertes appartiennent. D’autres, n’ajoutent ni la connaissaucc d’un fait nouveau, ni l’introduction d’un élément encore ignoré, à la science de leurs prédécesseurs, mais par une coordonnancejusques là inusitée des choses anciennes, agrandissent le domaine où travaille leur pensée. Wagner est novateur comme ces derniers ; son système se rattache à la tradition