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belles ont inspiré des passions inextinguibles, les plus belles ont fasciné des existences entières avec les battements de leurs blonds cils attendris, avec le soupir exhalé par des lèvres qui savaient se plier à l’imploration après avoir été scellées par un silence hautain. Là, où de pareilles femmes régnent, que de fiévreuses paroles, que d’espérances indéfinies, que de charmantes ivresses, que d’illusions, que de désespoirs, n’ont pas dû se, succéder durant les cadences de ces Mazoures, dont plus d’une vibre dans le souvenir de chacune d’elles comme l’écho de quelque passion évanouie, de quelque sentimentale déclaration ? Quelle est la polonaise qui dans sa vie n’ait terminé une mazoure, les J’oikîs plus brûlantes d’émotion que de fatigue ?

Que de liens inattendus formés dans ces longs tète-à-tête au milieu de la foule, au son d’une musique faisant revivre d’ordinaire quelque nom guerrier, quelque souvenir historique, attaché aux paroles et incarné pour toujours dans la mélodie ? Que de promesses s’y sont échangées dont le dernier mot, prenant le ciel à témoin, ne fut jamais oublié par le cœur qui attendit fidèlement le ciel pour retrouver là haut un bonheur (pie le sort avait ajourné ici bas ! Que d’adieux difficiles s’y sont échangés, entre ceux qui se plaisaient et se fussent si bien convenus si le même sang avait coulé dans leurs veines, si l’amant ivre d’amour aujourd’hui ne devait point se transformer en ennemi, que dis-je ? en persécuteur du lendemain ! Que de fois ceux