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de l’Ukraine la belle vierge blanche comme la Mort, la Mara ceinte d’une écharpe rouge qu’on aperçoit, disent-ils, marquant d’une tache de sang la porte des villages que la destruction va s’approprier.

Nous aurions certainement hésité à parler de la Polonaise, après les beaux vers que Mickiewicz lui consacra et l’admirable description qu’il en fit dans le dernier chant du Pan Tademz, si cet épisode n’était renfermé dans un ouvrage qu’on n’a point encore traduit et qui n’est connu que des compatriotes du poëte. Il eût été téméraire d’aborder, même sous une autre forme, un sujet déjà esquissé et coloré par un tel pinceau, dans cette épopée familière, ce roman épique, où les beautés de l’ordre le plus élevé sont encadrées dans un paysage comme les peignait Ruysdaël, lorsqu’il faisait luire un rayon de soleil entre deux, nuées d’orage, sur un de ces bouleaux fracassé par la foudre dont la plaie béante semble rougir de sang sa blanche écorce. Chopin s’est certainement inspiré bien des fois du Pan Tadeusz, dont les scènes prêtent tant à la peinture des émotions qu’il reproduisait de préférence. Son action se passe au commencement de notre siècle, alors qu’il se rencontrait encore beaucoup de ceux qui avaient conservé les sentimens et les manières solennelles des antiques polonais, à côté d’autres types plus modernes qui sous l’empire napoléonien représentaient des passions pleines d’entrain, mais ephémères ; nées entre deux campagnes et oubliées durant la troisième, « à la