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lui par sa propre volonté, devenu inexorable dans sa muette décision, il ne voulut pas quitter Paris. Il se priva ainsi de l’air pur de la campagne et des bienfaits de cet élément vivifiant.

L’hiver de I847 à 1848 ne fut qu’une pénible et continuelle succession d’allègemens et de rechutes. Toutefois, il résolut d’accomplir au printemps son ancien projet de se rendre à Londres, espérant se débarasser, en ce climat septentrional et brumeux, de la continuelle obsession de ses réminiscences méridionales et ensoleillées. Lorsque la révolution de février éclata il était encore alité ; par un mélancolique effort, il fit semblant de s’intéresser aux événements du jour et en parla plus que d’habitude. Mais, l’art seul garda toujours sur lui son pouvoir absolu. Dans les instans toujours plus courts où il lui fut possible de s’en occuper, la musique l’absorbait aussi vivement qu’aux jours où il était plein de vie et d’espérances. M. Gutmann continua à être son plus intime et son plus constant visiteur ; ce furent ses soins qu’il accepta de préférence jusqu’à la fin.

Au mois d’avril, se trouvant mieux, il songea à réaliser son voyage et à visiter ce pays où il croyait aller, alors que la jeunesse et la vie lui offraient encore leurs plus souriantes perspectives. Néanmoins, avant de quitter Paris, il y donna un concert dans les salons de Pleyel,un des amis avec lesquels ses rapports furent les plus fréquens,les plus constans et les plus affectueux ;