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infinis d’un bonheur consacré et sacré, ils ne trouvent de refuge à la pureté de leur essence, à la noblesse de leur naissance, aux priviléges de leur consanguinité, qu’en changeant de nom et de latitude, de nature et de forme ; en devenant protection consciencieuse ou tendre reconnaissance, dévouement positif ou bienfait désintéressé, pieuse sollicitude pour l’harmonie des nuances de la vie morale ou constant intérêt pour les quiétudes nécessaires du bien-être physique. A moins que ces sentimens ne montent dans les régions sublunaires de l’art, pour s’y incarner en quelque idéal irréalisé et irréalisable ; ou bien, dans les régions solaires de la prière, pour s’élancer vers le ciel en ne laissant après eux d’autres traces visibles que le lumineux sillage (dont personne ne cherche la source) d’une rédemption, d’une expiation, d’une rançon payée au ciel, d’un salut obtenu de Dieu ! Alors, il est vrai, ce qu’il y avait d’immortel en ces sentimens d’élection, survit à jamais à leurs commence mens ; mais d’une vie surnaturelle, transfigurée ! C’est plus que de l’amour ; ce n’est plus l’amour qu’on croyait !

Tel pourtant est rarement le sort des amours nés sur l’ourlet du précipice, où de gradin fleuri en gradin décoré, de gradin décoré en gradin badigeonné, de gradin badigeonné en gradin dénudé, on descend jusqu’aux fanges livides du Mal. Pour peu que les attraits soudains, nés sur les terrains limitrophes — the border-lands, disent les Anglais — aient plus de ce feu qui brûle que