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qui semblait vouloir empiéter sur la liberté de ses allures, limiter sa recherche effrénée de sensations nouvelles, lui soustraire quelque impression trouvée n’importe où et n’importe comment, donner à sa vie un lien, enchaîner ses mouvemens par les droits de l’amour !

Le lendemain, Chopin joua le Prélude en fis moll ; elle ne comprit pas l’angoisse qu’il lui racontait. Depuis, il le rejoua souvent devant elle ; mais elle ignora, et si elle l’avait deviné, elle eût intentionellemenl ignoré, quel monde d’amour de telles angoisses révélaient ! Elle n’avait que faire de ce monde, puisqu’elle ne pouvait ni connaître, ni partager, ni comprendre, ni respecter un tel amour ! Tout ce qu’il y avait d’intolérablement incompatible, de diamétralement contraire, de secrètement antipathique, entre deux natures qui paraissaient ne s’être compénétrées par une attraction subite et factice, que pour employer de longs efforts à se repousser avec toute la force d’une inexprimable douleur et d’un véhément ennui, — se révèle en cet incident ! Son cœur à lui, éclatait et se brisait à la pensée de perdre celle qui venait de le rendre à la vie. Son esprit à elle, ne voyait qu’un passe-temps amusant dans une course aventureuse, dont le péril ne contrebalançait pas l’attrait et la nouveauté. Quoi d’étonnant, si cet épisode de sa vie française fut le seul dont l’impression se retrouve dans les œuvres de Chopin ? Après cela, il fit dans son existence deux parts distinctes.