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gradation progressive et victorieuse d’un beau jour qui se lève après une nuit obscure, pleine de terreurs. La voûte de ténèbres, qui pèse d’abord sur les tètes, semble si lourde qu’on se prépare à une catastrophe prochaine et dernière, sans même oser songer à la délivrance, lorsque l’œil angoissé découvre tout-à-coup un point où ces ténèbres s’éclaircissent, telles qu’une ouate opaque dont l’épaisseur céderait sous des doigts invisibles qui la déchirent. A ce moment, pénètre le premier rayon d’espoir dans les âmes. On respire plus librement, comme ceux qui, perdus dans une noire caverne, aperçoivent enfin une lueur, fût-elle encore douteuse ! Cette lueur indécise est la première aube, projetant des teintes si incolores qu’on pourrait croire assister à une tombée de nuit, à l’éteignement d’un crépuscule mourant. Mais l’aurore s’annonce par la fraîcheur des brises qui, comme des avant-coureurs bénis, portent le message de salut dans leurs haleines vivaces et pures. Un baume végétal traverse l’air, comme le frémissement d’une espérance encouragée et raffermie. Un oiseau plus matinal de hasard t’ait entendre sa joyeuse vocalise, qui retentit dans le cœur comme le premier éveil consolé qu’on accepte pour gage d’avenir. D’imperceptibles, mais sûrs indices persuadent en se multipliant que dans cette lutte des ténèbres et de la lumière, de la mort et de la vie, ce sont les deuils de la nuit qui doivent être vaincus. L’oppression diminue. En levant les yeux vers le dôme de plomb, on croit déjà