Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/264

Cette page n’a pas encore été corrigée

une fille de sa préférence, la Nature semblait avoir dénoué sa ceinture pour lui dévoiler tous les caprices, les charmes, les jeux, qu’elle prête à la Beauté.

Elle n’en ignorait aucune des plus imperceptibles grâces ; elle n’avait pas dédaigné, elle dont le regard aimait à embrasser des horizons à perte de vue, de prendre connaissance des enluminures dont sont peintes les ailes du papillon ; d’étudier le symétrique et merveilleux lacis que la fougère étend en baldaquin sur le fraisier des bois ; d’écouter les chuchottemens des ruisseaux dans les gazons aquatiques, où s’entendent les sifflemèns de la vipère amoureuse. Elle avait suivi les saltarelles que dansent les feux-follets au bord des prés et des marécages, elle avait deviné les demeures chimériques vers lesquelles leurs bondissemens perfides égarent les piétons attardés. Elle avait prêté l’oreille aux concerts que chantent la cigale et ses amies dans le chaume des guérets, elle avait appris le nom des habitans de la république ailée des bois, qu’elle distinguait aussi bien à leurs robes plumagées qu’à leurs roulades goguenardes ou à leurs cris plaintifs. Elle connaissait toutes les mollesses de la chair du lys, les éblouissemens de son teint", et aussi tous les désespoirs de Geneviève ’), la fille énamourée des fleurs, qui ne parvenait point à imiter leurs douces magnificences.

1) André.