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elle daignait relîausser sa supériorité native, que l’on ne savait ce qu’il fallait plus admirer en elle, la nature ou l’art ? Son talent, sa voix enchanteresse, enchaînaient Chopin par un prestige dont il goûtait passionément le suave empire. Cette voix était destinée à vibrer la dernière à son oreille, à confondre pour lui les plus doux sons de la terre avec les premiers accords des anges.

Il voyait beaucoup de jeunes gens polonais : Fontana, Orda qui semblait commander à un avenir et fut tué en Algérie à vingt ans ; les comtes Plater, Grzymala. Ostrowski, Szembeck, le prince Casimir Lubomirski. etc., etc. Les familles polonaises qui dans la suite arrivèrent à Paris, s’empressant à faire sa connaisanco. il continua toujours à fréquenter de préférence un cercle composé en grande partie de ses compatriotes. Par leur intermédiaire, il resta non-seulement au courant de tout ce qui se passait dans sa patrie, mais dans une sorte de correspondance musicale avec elle. Il aimait à ce qu’on lui montrât les poésies, les airs, les chansons nouvelles, qu’en rapportaient ceux qui venaient en France. Lorsque les paroles de quelqu’un de ces airs lui plaisaient, il y substituait souvent une mélodie à lui qui se popularisait rapidement dans son pays, sans que le nom de leur auteur fût toujours connu. Le nombre de ces pensées dues à la seule inspiration du cœur étant devenu considérable, Chopin avait songé dans les derniers temps à les réunir pour les publier. Il n’en