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ne point manquer d’avoir eu celle que la mode impose, sans égarer quelque générosité excessive sur un nom moins indiqué. La Csse Plater recevait en vraie grandedame, dans l’antique sens du mot, où celle qui l’était se considérait comme la bonne patronne de quiconque entrait dans son cercle d’élus, sur lesquels elle répandait une bénigne atmosphère. Tour à tour, fée, muse, marraine, ange-gardien, bienfaitrice délicate, sachant tout ce qui menace, devinant tout ce qui peut sauver, elle était pour chacun de nous une aimable protectrice, aussi chérie que respectée, qui éclairait, réchauffait, élevait son inspiration et manqua à sa vie quand elle ne fut plus.

Chopin fréquenta beaucoup Mmo de Komar et ses filles, la P"8e Ludemille de Beauveau, la C" Delphine Potocka, dont la beauté, la grâce indescriptible et spirituelle, ont fait un des types les plus admirés des reines de salon. Il lui dédia son deuxième Concerto, celui qui contient Y adagio que nous avons mentionné ailleurs. Sa beauté aux contours si purs faisait dire d’elle, la veille même de sa mort, qu’elle ressemblait à une statue couchée. Toujours enveloppée de voiles, d’écharpes, de flots de gaze transparente, qui lui donnaient on ne sait quelle apparence aérienne, immatérielle, la comtesse n’était pas exempte d’une certaine affectation ; mais ce qu’elle affectait était si exquis, elle l’affectait avec un charme si distingué, elle était une patricienne si raffinée dans le choix des attraits dont