Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée

irréprochable perfection est indispensable à la complète révélation du sentiment, n’ignorant pas que le sentiment est tronqué aussi longtemps que la forme, restée imparfaite, intercepte son rayonnement comme un voile opaque. Il soumettait ainsi à l’inspiration poétique le travail du métier, enjoignant à la patience du génie d’imaginer dans la forme de quoi satisfaire aux exigences du sentiment. Aussi, reprochait-il à ses classiques adversaires de réduire l’inspiration au supplice de Procuste, sitôt qu’ils n’admettaient pas que certaines manières de sentir sont inexprimables dans des formes préalablement déterminées. Il les accusait de déposséder par avance l’art, de toutes les œuvres qui auraient tenté d’y introduire des sentimens nouveaux, revêtus de ces formes nouvelles qui se puisent dans le développement toujours progressif de l’esprit humain, des instrumens qui divulguent sa pensée, des ressources matérielles dont l’art dispose.

Chopin n’admettait pas qu’on voulut écraser le fronton grec avec la tour gothique, ni qu’on démolisse les grâces pures et exquises de l’architecture italienne, au profit de la luxuriante fantaisie des constructions mauresqes ; comme il n’eut pas voulu que lesvelte palmier vienne à croître en place de ses élégans bouleaux, ni que l’agave des tropiques soit remplacée par le mélèze du nord. Il prétendait goûter le même jour Yllyssus de Phidias et le Pensieroso de Michel-Ange, un Sacrement de Poussin et la „ Barque dnntesque de