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à aucun intérêt. D’habitude il était gai ; son esprit caustique dénichait rapidement le ridicule bien au delà des superficies où il frappe tous les yeux. Il déployait dans la pantomime une verve drolatique, longtemps inépuisée. Il s’amusait souvent à reproduire dans des improvisations comiques, les formules musicales et les tics particuliers de certains virtuoses ; à répéter leurs gestes et leurs mouvemens, à contrefaire leur visage, avec un talent qui commentait en une minute toute leur personnalité. Ses traits devenaient alors méconnaissables, il leur faisait subir les plus étranges métamorphoses. Mais, tout en imitant le laid et le grotesque, il ne perdait jamais sa grâce native ; la grimace ne parvenait même pas à l’enlaidir. Sa gaieté était d’autant plus piquante, qu’il en restreignait les limites avec un parfait bon-goùt et un éloignoment ombrageux de ce qui pouvait le dépasser. A aucun des instans de la plus entière familiarité, il ne trouvait qu’une parole malséante, une vivacité déplacée, puissent ne point être choquantes.

Déjà en sa qualité de polonais, Chopin ne manquait pas de malice ; son constant commerce avec Berlioz, Hiller, quelques autres célébrités du temps non moins coutumiers de mots, et de mots poivrés, ne manqua pas d’aiguiser plus encore ses remarques incisives, ses réponses ironiques, ses procédés à double sens. Il avait entre-autres de mordantes répliques pour ceux qui eussent essayé d’exploiter indiscrètement son talent.