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campagne, qu’on ravit à la Nature, en même temps à l’Art, le mot caché dans les harmonies infinies de lignes, de sins, de lumières, de fracas et de gazouillemens, d’épouvantes et de voluptés ! Assemblage écrasant qui, affronté et sondé avec un courage que n’abat aucun mystère, que ne lasse aucune lenteur, laisse quelquefois apercevoir la clef des analogies, des conformités, des rapports de nos sens à nos sentimens et nous permet de simultanément connaître les ligamens occultes, qui relient des dissemblances apparentes, des oppositions identiques, des antithèses équivalentes, ainsi que les abîmes qui séparent, d’un étroit mais infranchissable espace, ce qui est destiné à se rapprocher sans se confondre, à se ressembler sans se mélanger. Avoir écouté de bonne heure les chuchotemens par lesquels la nature initie ses privilégiés à ses rites mystiques, est un des apanages du poète. Avoir appris d’elle à pénétrer ce que l’homme rêve lorsqu’il crée à son tour et que, dans ses œuvres de toutes sortes, il manie comme elle les fracas et les gazouillemens, les épouvantes et les voluptés, est un don plus subtil encore, que la femmepoëte, possède à un double droit : de par l’intuition de son cœur et de son génie.

Après avoir nommé celle dont l’énergique personnalité et l’impérieuse fascination inspirèrent à la frêle et délicate nature de Chopin, une admiration qui le consumait comme un vin trop capiteux détruit des vases trop fragiles, nous ne saurions faire sortir d’autres