Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée

race slave ne se départ point en faisant les honneurs de sa cabane, plus joyeusement empressé que l’arabe sous sa tente, compensant tout ce qui manque à la splendeur de sa réception par un adage qu’il ne néglige pas de répéter, que répète aussi le grand seigneur après un repas d’une abondance homérique, servi sous des lambris dorés : Czym bohat, tym rad ! Quatre mots qu’on paraphrase ainsi aux étrangers : « Toute mon humble richesse est à vous ! »’). Cette formule est débitée avec une grâce et une dignité toutes nationales à ses convives, par tout maître de maison qui conserve les minutieuses et pittoresques coutumes des anciennes mœurs de la Pologne.

Après avoir été à même de connaître les usages de l’hospitalité dans son pays, on se rend mieux compte de ce qui donnait à nos réunions chez Chopin tant d’expansion , de laisser aller, de cet entrain de bon aloi dont on ne conserve aucun arrière-goût fade ou amer et qui ne provoque aucune réaction d’humeur noire. Quoique peu facile à attirer dans le monde et encore moins enclin à recevoir, il devenait chez lui d’une prévenance charmante lorsqu’on faisait invasion dans son

I) Le polonais conserve dans son formulaire de politeess une forte empreinte des habitudes hyperboliques du langage oriental. Les titres de très-puissant et très-éclairé Seigneur, Jasnie Wielmoiny, Jasnie Oswiecony Pan,j sont encore de rigueur. On se donne constamment dans la conversation celui de Bienfaiteur [Dobrodzij], et le salut d’usage entre hommes ou d’homme à femme est : je tombe à vos pieds.padam do nôg). Celui du peuple est d’une solennité et d’une simplicité antiques : Gloire à Dieu Stawa Bohu).