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charmant, d’un passe-temps comme-il-faut et coûteux ; à moins qu’on ne l’exploite adroitement, ce qui se voit au sommet et à la base de l’échelle aristocratique.

Dans les cours, depuis des temps immémoriaux, l’on éreinte le poète et l’artiste en laissant à d’autres Mécènes le soin de les récompenser véritablement et dignement, parce qu’on se figure qu’un sourire impérial, une approbation royale, une faveur souveraine, une épingle ou des boutons de diamans suffisent, — et au délà ! — pour compenser toutes les pertes de temps, de facultés ardentes et d’énergies vitales, auxquelles ils s’exposent en approchant de ces centres solaires incandescens. Firdousi, le Homère persan, recevait en monnaie de cuivre, les mille pièces effigiées que son sultan lui avait promis en monnaie d’or ; KrylofF, le fabuliste, raconte dans un apologue digne d’Esope, comment l’écureuil qui avait diverti le roi-lion vingt ans durant, lui renvoyait le sac de noisettes reçu lorsqu’il n’avait plus de dents pour les croquer.

En revanche, chez les rois et les princes de la finance, où l’on contrefait plus qu’on n’imite les manières des vrais grands-seigneurs, où tout se paie argent comptant, — même la visite d’un potentat tel que Charles-Quint, auquel on offre ses propres lettres-dechange pour allumer son feu de cheminée quand il daigne se faire héberger par son banquier, — le poète et l’artiste n’en sont pas à attendre un honoraire qui mette leur vieillesse à l’abri du besoin. M. de