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lieu, après tout, jusqu’ici à beaucoup de malentendus et de contradictions, ne prouve qu’une chose, c’est que les Allemands avaient compris avant les Français qu’il y a une économie cosmopolite et une économie politique ; ils ont appelé la première économie nationale, et la seconde science de la police[1].

Pendant que j’écrivais ce qui précède, il m’est tombé entre les mains un livre, qui me donne l’occasion de confesser que j’ai jugé Adam Smith avec beaucoup plus d’indulgence que, dans ma conviction, je n’aurais dû le faire. C’est la seconde partie de la Galerie de portraits d’après la conversation et la correspondance de Rahel, éditée par Varnhagen Von Ense. J’étais curieux de lire ce qu’on y dit d’Adam Müller et de Frédéric Gentz, que j’ai personnellement connus[2] ; mais j’ai trouvé les perles autre part qu’où je les cherchais, savoir, dans la correspondance entre Rahel et Alexandre de Marwitz. Ce jeune homme plein d’intelligence, avait, pour préparer un examen, lu et en même temps critiqué Adam Smith. On peut lire dans la note ci-jointe ce que, durant cette étude, il écrivit sur Smith et sur ses disciples en Allemagne[3]. Et ce jugement,

  1. Je reviendrai, dans une note ultérieure, sur cette distinction. (H. R.)
  2. Plus tard l’occasion pourra s’offrir à moi de donner quelques explications sur les idées et sur les actes remarquables de ces deux hommes en ce qui touche la politique commerciale allemande. Je les ai connus personnellement l’un et l’autre au congrès de Vienne en 1820. Müller, avec lequel je me suis souvent trouvé chez le feu duc d’Anhalt-Coethen, qui faisait alors de l’opposition contre la Prusse, m’a honoré de sa confiance. Gentz était moins abordable à cause du poste qu’il occupait et de ses rapports avec l’Angleterre ; cependant il eut à plusieurs reprises avec moi des discussions, qui, bien que non dépourvues d’intérêt, n’aboutirent pas à une commune entente : car, immédiatement après mon départ de Vienne, il entama contre moi, dans la Gazette d’Augsbourg, une polémique anonyme, que je me flatte d’avoir soutenue avec quelque honneur.
  3. Page 57. « Ils ont pris toute leur sagesse dans Adam Smith, esprit étroit, mais plein de pénétration dans son étroite sphère, dont ils proclament les maximes à tout propos, avec des développements insipides et en les récitant comme des écoliers. Sa science est très-commode, car, indépendamment de toute idée, abstraction faite de toutes les autres directions de la vie humaine, il construit un système commercial universel, qui convient également à tous les peuples et à toutes les circonstances, et où l’art consiste à