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ont-elles exercé ou non de l’influence sur l’appréciation malveillante de Rotteck ? Je ne le déciderai pas.

Politz, qui n’avait d’originalité en rien et qui manquait d’expérience en tout, n’était en cette matière qu’un compilateur. Je vais donner un exemple du jugement que possédait dans les questions économiques cet inintelligent titulaire de la première chaire politique de l’Allemagne. À l’époque où, habitant Leipsick, mes projets d’un chemin de fer de Leipsick à Dresde et d’un réseau allemand me livraient à la risée des esprits sérieux, je demandai à M. Politz son concours et ses avis. Il me répondit, qu’il n’était pas encore possible de dire avec précision jusqu’à quel point cette entreprise pouvait être utile ou nécessaire, puisqu’on ne pouvait pas savoir de quel côté se dirigeraient les marchandises à l’avenir. Cette profonde vue théorique a depuis, si je ne me trompe, passé dans ses tristes annuaires.

La première fois que je me trouvai en rapport avec Lotz, je pris la liberté de l’entretenir discrètement de quelques idées nouvelles en économie politique, dans le but de connaître ses propres idées et de lui exposer les miennes. Lotz n’entra dans aucune explication ; son visage prit une expression mêlée d’importance et d’ironie, qui, pour moi, signifia clairement qu’il croyait sa position trop élevée pour entrer avec moi en discussion sans se compromettre. Il prononça, du reste, quelques paroles dont le sens était que des discussions entre des amateurs et des hommes de science profonde ne pouvaient mener à rien. À cette époque je n’avais pas relu depuis quinze ans les ouvrages de M. Lotz ; mon respect pour leur auteur était donc de très-ancienne date. Mais une telle conduite m’édifia sur le mérite de ces écrits, avant même que je les eusse relus. Comment, pensai-je, dans une science expérimentale comme l’économie politique, un homme qui repousse ainsi l’expérience, serait-il capable de quelque chose de bien ? Lorsque plus tard ses épais volumes revinrent devant mes yeux, la conduite de M. Lotz me parut facile à comprendre. Rien de plus naturel que de voir des