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études, va toujours en avant, et l’élaboration doit cependant avoir un terme. Je me présente donc devant le public, avec la pensée décourageante, qu’on trouvera beaucoup à reprendre dans mon ouvrage ; je reconnais moi-même en écrivant cette préface que j’aurais pu mieux faire et mieux dire ; une espérance, cependant, me soutient, c’est qu’on trouvera aussi dans ce livre plus d’une vérité neuve et quelques vues éminemment utiles à ma patrie allemande.

C’est principalement ce désir d’être utile à mon pays qui explique pourquoi, souvent peut-être téméraire et tranchant, j’ai porté un arrêt de condamnation sur les opinions et sur les travaux de quelques auteurs et d’écoles tout entières. La présomption n’y a été pour rien, je l’assure ; partout, j’ai obéi à la conviction que les opinions blâmées étaient dangereuses, et que, pour agir utilement, il fallait les combattre avec énergie et sans détours. On a tort, du reste, de croire que les hommes qui ont rendu d’éminents services à la science doivent être respectés dans leurs erreurs ; tout au contraire, les hommes célèbres et qui font autorité nuisent par leurs erreurs plus que des écrivains insignifiants, et ils doivent, par conséquent, n’être combattus qu’avec plus de rigueur. Qu’une forme plus douce, plus modérée, plus humble, avec certaines réserves, et des compliments distribués à droite et à gauche, eût mieux servi mes intérêts personnels, je ne l’ignore pas ; je sais aussi que le juge sera jugé à son tour. Mais où est le mal ? Je mettrai à profit les sévères arrêts de mes adversaires pour corriger mes fautes, dans le cas où, ce que j’ose à peine espérer, cet ouvrage parviendrait à une seconde édition. J’aurai été ainsi doublement utile, excepté à moi-même.

Pour les juges équitables et indulgents qui voudront bien admettre mon excuse, j’ajoute que je n’ai pas employé à la composition de cet ouvrage autant de temps, à beaucoup près, qu’à mes recherches et à mes méditations, que les chapitres en ont été écrits à diverses époques, et souvent avec rapidité ; et que je suis loin de me figurer doué de facultés