Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/556

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme l’Australie, elle ne reconnaît de droit exclusif qu’à la suite d’une occupation effective au moyen de la colonisation et seulement sur le territoire effectivement colonisé ; et l’on ne voit pas pourquoi l’on contesterait aux Allemands et aux Français le droit de fonder des colonies dans ces contrées, sur des points éloignés des établissements britanniques.

Si nous considérons l’importance des intérêts communs aux nations continentales vis-à-vis de la première puissance maritime, nous reconnaissons que rien ne leur est plus nécessaire que et que rien ne leur serait plus funeste que la guerre. L’histoire du siècle écouté enseigne d’ailleurs que chaque guerre des puissances continentales entre elles n’a servi qu’à développer l’industrie, la richesse, la navigation, l’empire colonial et la puissance de la Grande-Bretagne.

Il n’est donc pas douteux que le système continental de Napoléon avait pour base une exacte appréciation des besoins et des intérêts du continent ; seulement Napoléon voulait réaliser une idée juste par elle-même, en portant atteinte à l’indépendance et aux intérêts des autres puissances continentales. Le système de Napoléon avait trois grands défauts. D’abord il voulait substituer à la suprématie maritime de l’Angleterre la suprématie continentale de la France ; au lieu d’avoir en vue le développement et l’égalité des autres puissances du continent, il poursuivait leur abaissement ou leur dissolution au profit de la France. Puis il fermait la France aux autres puissances du continent, alors que celle-ci prétendait à la libre concurrence sur leurs marchés. Enfin, ayant détruit presque entièrement les relations entre les pays manufacturiers de l’Europe et les contrées de la zone torride, il contraignit de remplacer artificiellement les produits de cette zone.

L’idée du système continental reparaîtra toujours, la nécessité de sa réalisation s’imposera d’autant plus fortement aux nations continentales que l’Angleterre grandira davantage en industrie, en richesse et en puissance ; cela est déjà évident aujourd’hui et cela le deviendra chaque jour davantage. Mais il n’est pas moins certain qu’une alliance continentale n’aura