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crois pas même assez de force pour émigrer une seconde fois aux États-Unis, où des amis m’appellent et où je me rétablirais facilement en quelques années. » A la même époque, le dénigrement stupide, l’envie, la calomnie se déchaînaient pour lui contester ses titres les plus clairs, et comme pour lui porter le dernier coup. Que je me sais de gré de lui avoir rendu alors spontanément, dans l’Association douanière allemande, un humble hommage, dont j’ai appris depuis avec bonheur qu’il avait été vivement touché !

Le Zollvereinsblatt avait souffert de fréquentes absences de son rédacteur en chef, et celui-ci, à qui Cotta avait cédé sa propriété, se disposait à lui imprimer un nouvel élan. C’était en 1846 ; la ligue triomphait en Angleterre, comme il l’avait toujours prévu ; il ne put résister à l’envie de voir Londres à cette heure décisive. Il se mit en route au mois de juin : « J’ai été témoin la nuit dernière, écrivit-il presque en arrivant, de deux événements considérables ; dans la chambre haute, j’ai vu la législation des céréales décéder aux acclamations de leurs seigneuries, et, quelques heures après, dans la chambre basse le ministère Peel recevoir le coup de mort ; j’en suis encore tout ému. La place que j’occupais m’offrait un riche sujet d’observations. Devant moi était l’égyptien Ibrahim avec sa suite. Quelques-uns des hommes politiques les plus considérables, notamment lord John Russell, sont venus échanger quelques paroles avec lui. Lord Monteagle a eu l’obligeance de me désigner non-seulement les pairs et les littérateurs distingués qui se trouvaient dans notre voisinage, mais les membres les plus importants de la chambre des Communes. « Le vieux monsieur que voici, me dit le docteur Bowring, le vieux monsieur au frac bleu, qui incline la tête sur sa poitrine comme s’il dormait, c’est le duc de fer[1]. Voulez-vous me permettre de vous présenter M. Mac-Gregor ? » Un homme poli, au regard intelligent, me serra la main. « M. Cobden désire faire votre connaissance, me dit-on,

  1. Le duc de Wellington