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et en même temps former le noyau d’une alliance continentale faite pour durer.

Il est évident que l’Angleterre surpasse immensément les autres puissances maritimes, sinon par le nombre de ses voiles, du moins par son habileté navale, que par conséquent les autres puissances sont obligées de s’unir entre elles pour lui faire équilibre. Il s’ensuit que chacune d’elles est intéressée au maintien et au développement des forces navales des autres, et de plus que des fragments de nation qui, jusqu’à présent isolés, sont restés sans marine, du moins sans marine qui pût compter, doivent constituer une marine collective. Il y a perte pour la France et pour l’Union américaine vis-à-vis de l’Angleterre, lorsque la marine de la Russie décline, et vice versa. Il y a profit pour toutes, si l’Allemagne, la Hollande et la Belgique organisent en commun des forces de mer ; car, séparées, elles sont aux ordres de la suprématie anglaise ; réunies, elles fortifient l’opposition de toutes les marines secondaires contre cette suprématie.

Aucune de ces nations maritimes ne possède, ni une marine marchande hors de proportion avec son commerce extérieur, ni une industrie manufacturière d’une supériorité marquée ; aucune d’elles, par conséquent, n’a sujet de redouter la concurrence des autres. Toutes, en revanche, ont un intérêt commun à se défendre contre la concurrence destructive de l’Angleterre, toutes doivent mettre du prix à ce que l’industrie anglaise perde dans la Hollande, dans la Belgique et dans les villes anséatiques la tête de pont par laquelle elle a jusqu’à présent dominé les marchés du continent.

Les denrées de la zone torride étant soldées principalement avec les produits des fabriques de la zone tempérée, la consommation des premières dépendant ainsi du débouché des seconds, et toute nation manufacturière devant par suite s’appliquer à établir avec les pays de la zone torride des relations directes, si les nations manufacturières de second ordre ont l’intelligence de leur intérêt et agissent en conséquence, il ne pourra plus subsister de prépondérance coloniale dans la