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population, peut aisément chaque année envoyer au dehors deux ou trois cent mille individus, dont les provinces fourmillent d’hommes instruits, intelligents, disposés à chercher fortune en de lointains pays, prenant racine en tout lieu, s’établissant partout où il y a des terres vierges à défricher, une telle confédération est destinée par la nature à prendre le premier rang parmi les nations qui fondent des colonies et qui propagent la civilisation.

La nécessité de cet achèvement du Zollverein est si généralement sentie en Allemagne que l’auteur du rapport ne peut s’empêcher d’en faire la remarque : « Un littoral plus étendu, un plus grand nombre de ports, une navigation plus considérable, un pavillon fédéral, une marine militaire et marchande, voilà ce que désirent généralement les partisans du Zollverein ; mais l’Union a peu de chances de prévaloir contre les escadres grandissantes de la Russie et contre les marines commerciales de la Hollande et des villes anséatiques. » Contre elles, sans doute, l’Union ne peut rien, mais elle ne serait que plus forte avec et par elles. Il est dans la nature de tout pouvoir de diviser pour régner. Après avoir expliqué comment les États du littoral seraient insensés d’accéder au Zollverein, le docteur Bowring sépare à jamais les grands ports allemands du reste de l’Allemagne, en nous entretenant des magasins d’Altona qui pourraient nuire à ceux de Hambourg, comme si un grand État commercial ne trouverait pas le moyen de tirer parti des magasins d’Altona. Nous ne suivrons pas l’auteur dans ses raisonnements subtils, nous nous bornerons à remarquer que, appliqués à l’Angleterre, ils prouveraient que Londres et Liverpool accroîtraient immensément leur prospérité en se séparant du reste du pays. La pensée inspiratrice de cette argumentation ressort nettement du rapport du consul anglais à Rotterdam : « Dans l’intérêt du commerce britannique, dit M. Alexandre Ferrier à la fin de son rapport, il est extrêmement important de ne négliger aucun moyen d’empêcher l’accession au Zollverein des États précités, ainsi que de la Belgique, et cela par des motifs trop clairs pour avoir besoin d’être