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rabaisser l’Allemagne à l’état de colonie agricole de l’Angleterre. C’est dans ce but qu’on signale à la Prusse le profit que son agriculture retirerait d’un abaissement des droits sur les blés et sur les bois en Angleterre, et le peu d’importance de ses intérêts manufacturiers. C’est dans cette pensée qu’on lui offre la perspective d’un dégrèvement des eaux-de-vie. Pour ne pas négliger entièrement les autres États, on promet de réduire à 5 pour 0/0 les droits sur les articles de Nuremberg, sur les jouets d’enfants, sur l’eau de Cologne et sur d’autres bagatelles. Cela fait plaisir aux petits États et coûte peu de chose.

On veut, par le rapport, persuader aux gouvernements allemands qu’il est dans l’intérêt de leur pays que l’Angleterre file pour lui le coton et le lin. Nul doute que la politique de l’Union, qui a consisté à venir en aide d’abord à l’impression, puis au tissage, et à importer les fils de qualités moyennes et supérieures, n’ait été jusqu’ici la bonne. Mais il ne s’ensuit nullement qu’elle soit bonne à toujours. La législation de douane doit marcher avec l’industrie nationale, afin de remplir sa mission. Il a déjà été question des immenses avantages que la filature du coton, indépendamment de son importance intrinsèque, amène avec elle ; elle nous crée des relations directes avec les pays de la zone torride, elle exerce par là une influence considérable sur notre navigation marchande et sur notre exportation, d’objets manufacturés, et, plus que toute autre industrie, elle anime nos ateliers pour la construction des machines. Puisqu’il est constant que ni le manque de cours d’eau et de bons ouvriers, ni le défaut de capitaux matériels ou d’intelligence n’empêcheront l’Allemagne d’exercer elle-même cette grande et féconde industrie, on ne voit pas pourquoi nous n’élèverions pas peu à peu la protection sur les divers numéros de fils de coton, de manière à filer nous-mêmes en moyenne, au bout de 5 ou 10 ans, de quoi suffire à nos besoins. Si haut que l’on estime les avantages de l’exportation du blé et du bois, ils sont loin d’égaler ceux que nous procurerait le filage. Oui, nous n’hésitons pas à le dé-