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bien ne pas partout prévaloir ; qu’il y avait lieu par conséquent, de considérer si le blé et le bois de l’Allemagne ne devaient pas être admis en Angleterre, même sans concessions préalables de l’Union allemande, de manière à frayer la voie sur les marchés allemands aux produits des fabriques anglaises. Cette manière de voir est parfaitement juste. Le docteur Bowring comprend que les lois des céréales en Angleterre ont fait grandir l’industrie allemande, que, sans elles, cette industrie n’aurait pas pris de force, que leur abolition est de nature non seulement à arrêter ses progrès ultérieurs, mais encore à la faire reculer, si l’on suppose du moins que la législation de douane de l’Allemagne reste telle qu’elle est. Il est fâcheux seulement que les Anglais n’aient pas reconnu, il y a vingt ans, la justesse de ce raisonnement. Aujourd’hui, après que la législation anglaise elle-même a isolé l’agriculture allemande des manufactures britanniques, l’Allemagne, qui, depuis vingt ans, a avancé dans la voie du progrès industriel au prix d’immenses sacrifices, serait aveugle de se laisser détourner par l’abolition des lois anglaises du grand but national qu’elle poursuit. Oui, nous avons la ferme conviction que l’Allemagne, dans cette hypothèse, devrait élever ses droits protecteurs de manière à compenser l’avantage que l’abolition des lois sur les céréales donnerait aux fabriques anglaises vis-à-vis des fabriques allemandes. Longtemps encore l’Allemagne n’aura pas d’autre politique à suivre vis-à-vis de l’Angleterre que celle d’une nation manufacturière arriérée encore, qui déploie tout son énergie pour rejoindre celle qui l’a devancée. Toute autre politique mettrait en péril la nationalité allemande. Si les Anglais ont besoin des blés ou des bois de l’étranger, qu’ils en tirent d’Allemagne ou de tout autre pays. L’Allemagne ne travaillera pas moins à conserver les progrès que son industrie a déjà accomplis et à encourager ses progrès à venir. Si les Anglais ne veulent pas entendre parler des blés et des bois de l’Allemagne, rien de mieux ; son industrie, sa navigation marchande et son commerce extérieur ne grandiront que plus vite, son système de