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« L’Association commerciale allemande est la réalisation de l’idée de nationalité si répandue dans ce pays. Si cette association est bien dirigée, elle amènera la fusion de tous les intérêts allemands en un seul. Ses bienfaits l’ont rendue populaire. C’est le premier pas vers l’unité allemande. Par la communauté des intérêts dans les questions de commerce, elle a frayé la voie à l’unité politique et elle a substitué à des vues étroites, à des préjugés et à des habitudes surannées un large et puissant élément national. » Comment concilier avec ces observations si pleines de justesse l’opinion que la Prusse sacrifierait l’indépendance et la grandeur future du pays à de mesquines considérations d’intérêt privé, d’intérêt mal entendu et en tout cas temporaire, qu’elle ne comprendrait pas que l’Allemagne s’élève ou descend suivant qu’elle est ou non fidèle à sa politique commerciale, comme la Prusse elle-même monte ou tombe avec l’Allemagne ? Comment concilier cette assertion, que les chefs de départements, en Prusse, seraient contraires au système protecteur, avec ce fait que les droits élevés sur les tissus de laine et de coton communs sont émanés de la Prusse ? Ces contradictions, et le brillant tableau que le docteur a tracé de l’industrie saxonne et de ses progrès, ne doivent-ils pas donner à penser qu’il a voulu éveiller la jalousie de la Prusse ?

Quoi qu’il en soit, il est étrange que le docteur Bowring ait attaché tant d’importance au sentiment particulier des chefs de départements, lui, publiciste anglais, qui connaît la puissance de l’opinion publique, et qui doit savoir que, de nos jours, les idées personnelles des chefs de départements, même dans les États non constitutionnels, sont de peu de poids quand elles se trouvent en lutte avec cette opinion publique, avec les intérêts matériels du pays, quand leur tendance est rétrograde et antinationale. Il le comprend fort bien, du reste, lorsqu’il avoue, page 98, que le gouvernement prussien, de même que le gouvernement anglais au sujet de l’abolition de l’acte sur les céréales, a reconnu par expérience que l’opinion des fonctionnaires publics pouvait