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elles-mêmes appelle la concurrence de l’étranger sur les marchés allemands, par la raison que, sitôt qu’elles seront en mesure d’approvisionner le pays, elles rencontreront au dehors, pour l’excédant de leur production, cette même concurrence qu’elles ne pourront soutenir que par le bon marché ; or, le bon marché est contraire à l’essence du système protecteur, qui n’a pour but que d’assurer des prix élevés au fabricant. Ce raisonnement contient autant d’erreurs et de faussetés que de mots. Le docteur Bowring ne saurait nier que le fabricant peut vendre ses articles à un prix d’autant plus bas qu’il produit davantage, et que, par conséquent, une industrie qui est déjà maîtresse du marché du pays peut d’autant mieux travailler à bon marché pour l’étranger. Il en trouvera la preuve dans les tableaux mêmes qu’il a publiés sur les progrès de l’industrie allemande ; à mesure, en effet, qu’elle prenait possession du marché national, elle développait aussi ses exportations. La récente expérience de l’Allemagne, de même que l’expérience ancienne de l’Angleterre, enseigne que le système protecteur n’a point pour conséquence nécessaire le prix élevé des objets manufacturés. L’industrie allemande, enfin, est loin encore de suffire à l’approvisionnement du marché national. Pour y parvenir, il faut d’abord qu’elle fabrique les 13.000 quintaux (650.000 kilog.)[1] de tissus de coton, les 18.000 quintaux (900.000 kilog.) de tissus de laine, et les 500.000 quintaux (2.500.000 kilog.) de fils de coton et de lin, qui actuellement s’importent d’Angleterre. Une fois ce résultat atteint, l’Allemagne aura à importer en plus un demi-million de quintaux (2.500.000 kilog.) de coton en laine, et à cet effet elle accroîtra dans la même proportion ses relations directes avec les pays de la zone torride, en payant une grande partie, sinon la totalité de ce coton, avec les produits de ses fabriques.

L’opinion émise dans le rapport que le sentiment public en Allemagne est pour la liberté du commerce, doit être rectifiée en ce

  1. Le quintal du Zollverein 50 kilog.