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basse ; c’est le résultat de votre législation insensée sur les céréales ; par elle, les prix des denrées alimentaires, des matières brutes et de la main-d’œuvre ont été déprimés en Allemagne, par elle les fabriques allemandes ont été placées dans de meilleures conditions que les fabriques anglaises. Hâtez-vous donc, fous que vous êtes, d’abolir cette législation. Vous causerez ici aux fabriques allemandes un double, un triple dommage ; d’abord il s’ensuivra en Allemagne une hausse et en Angleterre une baisse des denrées alimentaires, des matières brutes et de la main-d’œuvre ; en second lieu l’exportation des blés d’Allemagne en Angleterre facilitera l’écoulement des produits fabriqués d’Angleterre en Allemagne ; troisièmement, l’Association douanière allemande s’est déclarée prête à réduire ses droits sur les tissus de coton et de laine communs dans la même proportion que l’Angleterre favorisera l’importation des blés et des bois allemands. Nous ne pouvons donc manquer, nous autres Anglais, de ruiner de nouveau les fabriques allemandes. Mais il faut se presser. Chaque année les intérêts manufacturiers acquièrent dans l’Union plus d’influence, et, si vous hésitez, l’abolition de la législation sur les céréales viendra trop tard. Encore quelque temps, et le fléau de la balance se déplacera. Bientôt les fabriques allemandes créeront une si forte demande de produits agricoles que l’Allemagne n’aura plus de blé à vendre à l’étranger. Quelles concessions aurez-vous alors à lui offrir, pour la décider à porter la main sur ses fabriques, pour l’empêcher de filer elle-même le coton qu’elle tisse et de vous disputer en tout pays votre clientèle étrangère ? »

Voilà ce que l’auteur du rapport avait à faire comprendre aux propriétaires fonciers du Parlement. Le régime politique de la Grande-Bretagne ne permet pas de rapports secrets de chancellerie. L’écrit du docteur Bowring devait donc être public, par conséquent parvenir au moyen de traductions et d’extraits à la connaissance des Allemands. Il fallait donc s’y abstenir de toute expression de nature à éclairer les Allemands sur leurs véritables intérêts. Chaque argument à l’a-