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sur la situation du Zollverein et sur la tactique du gouvernement anglais, d’importantes révélations. Examinons un peu cet écrit.

Nous commencerons par signaler le point de vue qui a présidé à sa composition. M. Labouchère, président du Conseil de commerce dans le cabinet Melbourne, avait envoyé le docteur Bowring en Allemagne, dans le même but que M. Poulett Thompson, en 1834, lui avait donné une mission en France. Il s’agissait de décider les Allemands à ouvrir leur marché aux produits manufacturés anglais, à l’aide de concessions en faveur de leurs blés et de leurs bois, de même que les Français à l’aide des concessions en faveur de leurs vins et de leurs eaux-de-vie ; seulement les deux missions différaient en ce point, que les concessions à proposer aux Français ne rencontraient point d’opposition en Angleterre, tandis que celles qu’on offrait aux Allemands devaient être d’abord emportées dans l’Angleterre même.

Les deux rapports, par conséquent, devaient avoir une portée différente. Celui qui traitait des relations commerciales entre la France et l’Angleterre était exclusivement à l’adresse des Français. Il fallait leur dire que Colbert, avec son système protecteur, n’avait fait rien de bon, il fallait leur faire croire que le traité d’Eden avait été avantageux à la France, et que le système continental, ainsi que le système prohibitif qui la régissait encore, lui avait été funeste. En un mot, on n’avait ici qu’à s’en tenir à la théorie d’Adam Smith, et à mettre ouvertement en question les résultats du système protecteur.

Le second rapport était moins facile ; il devait s’adresser à la fois aux propriétaires anglais et aux gouvernements allemands. Aux premiers, il fallait dire : « Voici une nation qui, à l’aide des droits protecteurs, a déjà accompli d’immenses progrès industriels, et qui, pourvue de toutes les ressources nécessaires, se prépare résolument à conquérir son marché intérieur tout entier et à rivaliser avec l’Angleterre sur les marchés étrangers ; c’est votre œuvre maudite, à vous, tories de la chambre haute, à vous gentilshommes de la chambre