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l’a allégué, un tarif purement fiscal ; il ne s’est pas arrêté à 10, à 15 pour cent, ainsi que l’a cru Huskisson ; sur les produits fabriqués d’un usage général, ne craignons pas de le dire, il accorde une protection de 20 à 60 pour cent.

Or, quel est l’effet de cette protection ? Les consommateurs paient-ils les produits fabriqués allemands 20 à 60 pour cent de plus qu’ils ne payaient auparavant les produits étrangers ? Ou bien les produits allemands sont-ils inférieurs ? Nullement. Le docteur Bowring lui-même atteste que les produits des industries protégées par un tarif élevé sont de meilleure qualité et à plus bas prix que les articles étrangers. La concurrence du dedans et la protection contre la concurrence écrasante de l’étranger ont opéré ces miracles, que l’école ignore et veut ignorer. Il n’est donc pas vrai, comme le prétend l’école, que la protection renchérisse les produits indigènes du montant du droit protecteur. Elle peut causer un renchérissement momentané, mais, dans tout pays préparé pour les manufactures, la concurrence intérieure réduit bientôt les prix au-dessous des chiffres qu’ils auraient atteints sous le régime de la libre importation.

L’agriculture a-t-elle souffert de ces droits élevés ? En aucune façon ; elle a prospéré, elle a réalisé depuis dix ans des profits décuples. La demande des produits agricoles s’est accrue, et les prix se sont élevés ; il est notoire que, sous l’influence de l’industrie manufacturière, la propriété foncière a partout haussé de 50 à 100 pour cent ; que partout le travail a obtenu de meilleurs salaires ; que partout de nouvelles voies de communication ont été construites ou projetées.

Des résultats si brillants ne peuvent qu’encourager à avancer dans la même voie ; plusieurs États de l’Union ont fait des propositions dans ce sens ; mais ils n’ont pas réussi encore, parce que d’autres États, paraît-il, n’attendent leur salut que de l’abolition en Angleterre des droits sur le blé et sur les bois, et que des personnages influents, assure-t-on, ont toujours foi dans le système cosmopolite et se défient de leur expérience. Le rapport du docteur Bowring contient à ce sujet, ainsi que