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ainsi que de denrées coloniales, a repoussé ses blés, ses bois, quelque temps même jusqu’à ses laines. Il y a eu un temps où l’Angleterre trouvait en Allemagne, pour ses produits fabriqués, un débouché dix fois plus considérable que dans son empire tant vanté des Indes orientales, et cependant ces insulaires monopoleurs refusaient aux pauvres Allemands ce qu’ils accordaient aux Hindous leurs sujets, la faculté de solder avec des produits agricoles les achats de produits fabriqués. Inutilement les Allemands s’abaissaient jusqu’au rôle de porteurs d’eau et de fendeurs de bois des Anglais, on les traitait plus durement qu’un peuple conquis. Il en est des peuples comme des individus ; ceux qui se laissent maltraiter par un seul seront bientôt méprisés de tous et finiront par devenir le jouet des enfants. La France, qui vend cependant à l’Allemagne du vin, de l’huile, des soieries et des articles de mode pour des valeurs considérables, a resserré le débouché de ses bestiaux, de ses blés et de ses toiles. Que dis-je ? Une petite province maritime, jadis allemande, habitée par des Allemands, qui, devenue riche et puissante grâce à l’Allemagne, n’avait jamais pu subsister qu’avec elle et par elle, a fermé, durant une demi-génération, au moyen de misérables chicanes, le plus beau fleuve de l’Allemagne. Pour comble de moquerie, on a enseigné dans cent chaires que les nations ne peuvent parvenir à la richesse et à la puissance que par la liberté commerciale universelle.

Voilà où en était l’Allemagne ; où en est-elle aujourd’hui ? Elle a, dans l’espace de dix années, avancé d’un siècle en prospérité et en industrie, en conscience d’elle-même et en puissance. Pourquoi cela ? La suppression des barrières qui séparaient entre eux les Allemands a été une mesure excellente, mais elle n’eût porté que de tristes fruits si l’industrie du pays fût restée exposée à la concurrence étrangère. C’est surtout la protection du tarif de l’Association en faveur des produits fabriqués d’un usage général, qui a opéré ce prodige.

Avouons-le franchement, le docteur Bowring l’a péremptoirement établi, le tarif du Zollverein n’est pas, comme on