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sistait dans le système prohibitif. Il est vrai que beaucoup de fonctionnaires et de députés théoriciens étaient favorables à l’extension des relations commerciales entre l’Angleterre et la France ; l’alliance qui existait entre les deux pays avait donné à cette opinion quelque popularité ; mais on ne s’entendait guère sur les moyens d’atteindre le but, et personne n’avait d’idée nette à cet égard. Il paraissait évident et incontestable que l’élévation des droits sur les denrées alimentaires et sur les matières brutes, ainsi que l’exclusion des charbons et des fers anglais, portait un grave préjudice à l’industrie française, et qu’une plus forte exportation de vins, d’eaux-de-vie et de tissus de soie serait extrêmement avantageuse au pays.

Du reste, on se bornait à de vagues déclamations sur les inconvénients du système prohibitif. Mais on ne pensait pas qu’il fût prudent d’y toucher, du moins immédiatement, le gouvernement de Juillet trouvant ses appuis principaux dans la riche bourgeoisie, en majeure partie intéressée dans les grandes entreprises industrielles.

Ce fut alors que M. Poulett Thompson conçut un plan de campagne qui fait honneur à sa finesse et à sa dextérité comme diplomate. Il envoya en France un savant très au courant du commerce, de l’industrie et de la politique commerciale de ce pays et très-connu par la libéralité de ses opinions, le docteur Bowring. Celui-ci parcourut toute la contrée, puis la Suisse, afin de recueillir sur les lieux des matériaux qui servissent d’arguments contre le système prohibitif et en faveur de la liberté du commerce. Il s’acquitta de cette mission avec l’habileté et la souplesse qui le caractérisent. Il mit principalement en lumière les avantages de relations plus faciles entre les deux pays pour les houilles et pour le fer, pour les vins et pour les eaux-de-vie. Dans le rapport qu’il a publié, son argumentation ne porte guère que sur ces articles ; quant aux autres branches d’industrie, il se borne à des statistiques, sans essayer d’établir comment le libre commerce avec l’Angleterre pourrait les développer et sans faire à leur sujet de propositions.

En cela le docteur Bowring se conforma à ses instructions,