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d’ailleurs, de voir les États du Midi pousser leur opposition jusqu’à une dissolution effective de l’Union et jusqu’à la guerre civile. Il convenait aussi aux démocrates du Centre et de l’Est de ménager les sympathies des démocrates du Sud. Par toutes ces causes, l’opinion publique était si favorablement disposée pour la liberté du commerce avec l’Angleterre, qu’un abandon complet des intérêts manufacturiers du pays à la concurrence anglaise était à redouter. Dans de telles circonstances, le bill de compromis de Henry Clay parut le seul moyen de sauver, au moins en partie, le système protecteur. Une partie de l’industrie américaine, la fabrication des articles élégants et chers, fut sacrifiée à la concurrence étrangère, pour sauver une autre partie, la fabrication des articles communs et de peu de prix.

Tout indique néanmoins que, dans le cours des prochaines années, le système protecteur relèvera la tête aux États-Unis, et, qu’il y fera même de nouveaux progrès. Quels qu’aient été les efforts des Anglais pour diminuer ou pour adoucir les crises commerciales aux États-Unis, quelques capitaux considérables qu’ils y fassent passer sous la forme d’achats de fonds publics et de prêts ou au moyen de l’émigration, le défaut d’équilibre toujours subsistant et ne cessant de s’accroître entre la valeur des exportations et celle des importations ne peut pas à la longue être rétablie de cette manière ; des crises redoutables et de plus en plus graves ne peuvent manquer d’éclater, et les Américains finiront par découvrir les causes du mal et par adopter les moyens propres à l’arrêter.

Il est donc dans la nature des choses que le nombre des partisans de la protection augmente et, que celui des partisans de la liberté du commerce diminue.

Jusqu’à présent la demande croissante des denrées alimentaires, causée par l’ancienne prospérité des manufactures, par l’exécution de grands travaux publics et par l’augmentation considérable de la production du coton, et en partie de mauvaises récoltes, ont maintenu à un taux excessif les prix des denrées agricoles ; mais on peut prévoir avec certitude que,