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Lisez ce qu’il a écrit sur l’acte de navigation, sur le traité de Méthuen, sur le système de Colbert, sur le traité d’Éden, etc., et vous y trouverez la confirmation de ce jugement. L’idée ne lui est pas venue d’étudier dans son enchaînement l’histoire du commerce et de l’industrie des nations. Il avoue que des nations sont devenues riches et puissantes sous la protection douanière ; mais, à l’en croire, elles sont devenues telles en dépit et non à cause de la protection, et il veut qu’on l’en croie sur parole. C’est, assure-t-il, parce que Philippe II leur avait interdit l’entrée des ports du Portugal, que les Hollandais ont été amenés à commercer directement avec les Indes orientales ; comme si une telle interdiction était justifiée par le système protecteur ! Comme si les Hollandais n’auraient pas sans elle trouvé la route des Indes ! Say était encore moins satisfait de la statistique et de la politique que de l’histoire, sans doute parce qu’elles produisent de ces faits incommodes, qui si souvent se montraient rebelles à son système, et parce qu’il n’y entendait rien du tout. Il ne cesse de signaler les illusions auxquelles les données statistiques peuvent conduire, et de rappeler que la politique n’a rien de commun avec l’économie politique, ce qui revient à soutenir qu’en examinant un plat d’étain, on n’a pas à s’occuper du métal.

D’abord négociant, puis manufacturier, puis homme politique malheureux, Say s’adonna à l’économie politique, comme on essaie une nouvelle entreprise lorsque l’ancienne ne peut plus marcher. De son propre aveu, il hésitait dans le commencement s’il se prononcerait pour le système mercantile ou pour la liberté commerciale. En haine du système continental qui avait détruit sa fabrique et de l’auteur de ce système qui l’avait éliminé du tribunat, il se décida à prendre parti pour la liberté absolue du commerce.

Le mot de liberté, à quelque occasion qu’on le prononce, exerce depuis cinquante ans en France une influence magique. De plus, sous l’empire comme sous la restauration, Say appartenait à l’opposition, et il ne cessait de recommander