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classe de riches manufacturiers et de riches négociants, si d’heureuses conjonctures avaient fait passer les biens du clergé aux mains de la bourgeoisie, et qu’ainsi eût surgi une seconde chambre énergique sous l’influence de laquelle l’aristocratie féodale eût été réformée, le système physiocratique n’aurait peut-être pas vu le jour. Évidemment ce système avait été conçu d’après la situation de la France à l’époque où il apparut, et calculé uniquement pour cet État.

La plus grande partie du sol, en France, était, alors entre les mains du clergé et de la noblesse. Les paysans qui le cultivaient .

    ce système, c’est, comme le dit Adam Smith, de chercher à enrichir les sociétés particulièrement à l’aide des manufactures et du commerce ; et l’état social de l’Europe avant 1789 explique suffisamment une préférence qui n’a plus de sens aujourd’hui ; cette tendance de la pratique qui résultait de la nature des choses a trouvé ses théoriciens inexpérimentés, dont les doctrines n’ont exercé d’ailleurs sur elle que peu d’influence ; car les restrictions commerciales ont été provoquées par l’intérêt bien ou mal entendu du travail du pays et par les haines nationales beaucoup plus souvent que par la théorie de la balance du commerce. Le grand moyen du système mercantile, ou la protection douanière, a survécu à cette théorie aujourd’hui décriée, et il a peut-être encore plus d’avenir que beaucoup d’économistes ne le supposent. Quoi qu’il en soit, la science doit faire une certaine part à ce qui a occupé et à ce qui occupe encore dans les faits une si large place. (H. R.)
      — Quelles qu’aient été les erreurs et les absurdités du système mercantile tel qu’il a été pratiqué par les hommes d’État de l’Angleterre durant les deux derniers siècles, elles ne sont pas comparables aux erreurs et aux absurdités de la théorie actuellement en vogue, telle qu’elle a été développée par les économistes. Les deux systèmes exagèrent l’importance du commerce, et en font un agent principal dans la production de la richesse. Ils oublient que le commerce n’est que le serviteur de l’industrie, l’agent de la distribution des produits de celle-ci. Le système mercantile a sur l’école moderne cet avantage, qu’il employait les restrictions commerciales pour protéger et pour encourager l’industrie, tandis que l’école ne demande autre chose que des opérations de négociants affranchis de toute entrave et libres de faire tout ce que l’amour du gain peut leur conseiller. Si l’ancien système a été appelé système mercantile, le nouveau devrait être désigné par le nom de système commercial, comme étant, en réalité, beaucoup plus commercial que le premier. Il remet les intérêts de l’industrie, les intérêts matériels du pays en général, aux mains des négociants.
      Nous espérons que le temps n’est pas éloigné où le système industriel sera inauguré, non-seulement pour la production de la richesse, mais pour le développement du bien-être de l’homme, ainsi que des ressources et de la puissance de la nation. (S. Colwell.)