Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/477

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tendre et dont ils doivent de plus en plus se rapprocher[1].

Les écoles modernes ont injustement reproché à ce système de ne reconnaître d’autres richesses que les métaux précieux, bien que ce ne soient que des marchandises comme toutes les autres, et d’avoir pour maxime de vendre le plus possible aux autres pays en leur achetant le moins possible.

Pour ce qui est du premier reproche, on ne peut soutenir ni de l’administration de Colbert ni de celle des Anglais depuis Georges Ier, qu’elles aient attaché un si haut prix aux importations de métaux précieux. Encourager les manufactures, la navigation et le commerce extérieur du pays, tel était l’objet de leur politique commerciale, politique qui avait ses défauts, mais qui, dans l’ensemble, a produit des résultats considérables. Nous avons vu que, depuis le traité de Méthuen, les Anglais exportaient annuellement dans les Indes orientales de grandes quantités de métaux précieux, sans considérer ces envois comme un mal.

Lorsque les ministres de Georges Ier prohibèrent en 1721 l’importation des tissus de coton et des tissus de soie de l’Inde, ils ne dirent pas qu’il s’agissait pour une nation de vendre le plus possible à l’étranger et de lui acheter le moins possible ; cette absurdité fut ajoutée au système industriel par une école postérieure ; ils déclarèrent qu’une nation ne pouvait parvenir à la puissance et à la richesse qu’en exportant les produits de ses fabriques et en important des matières brutes et des denrées alimentaires. L’Angleterre a jusqu’ici suivi cette maxime, et c’est en la suivant qu’elle est devenue puissante et riche ; cette maxime est la seule vraie pour un pays

  1. Ce reproche est-il mérité ? Est-il vrai que la pratique administrative ne se préoccupe que du moyen, qui est la restriction, et n’aperçoive pas le but qui est la liberté ? On ne peut le dire du moins de l’administrateur qui a personnifié pendant une assez longue période le système protecteur de la France ; M. de Saint-Cricq ne considérait pas la protection comme éternelle ; en présentant le projet de loi de douane de 1829, il déclarait nettement qu’il fallait tendre vers la liberté commerciale ; et telle a été, il convient de l’ajouter, la doctrine constante de l’administration française depuis cette époque. (H. R.)