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et dans les républiques, étaient plus considérables que ceux que les monarchies pouvaient et osaient accorder aux habitants de leurs municipalités ; puis, sous le régime de la libre concurrence, il est très-difficile, impossible même à un pays qui a toujours fait de l’agriculture son occupation principale, de déposséder ceux qui, depuis des siècles, sont en possession des manufactures, du commerce et de la navigation ; enfin, au sein des grandes monarchies, les institutions féodales mettaient obstacle au développement de l’agriculture, par conséquent à l’essor des manufactures. C’est ainsi que le cours naturel des choses a conduit les grandes monarchies à restreindre l’importation des produits manufacturés, le commerce et la navigation de l’étranger, et à favoriser les manufactures, le commerce et la navigation du pays.

Tandis que, jusque-là, les taxes étaient établies principalement sur l’exportation des matières brutes, elles frappèrent alors principalement l’importation des produits fabriqués. Les avantages qui s’ensuivaient décidèrent les négociants, les marins, les fabricants des villes et des pays plus avancés à passer avec leurs capitaux dans les grandes monarchies où ils stimulèrent l’esprit d’entreprise chez les nationaux. La naissance de l’industrie fut promptement suivie de celle de la liberté. L’aristocratie féodale se vit obligée, dans son propre intérêt, à des concessions envers la population industrielle et commerçante aussi bien qu’envers la population rurale. De là des progrès dans l’agriculture, qui réagirent favorablement à leur tour sur les deux autres facteurs de la richesse nationale. Nous avons montré comment, à l’aide de ce système et de la réformation, l’Angleterre a grandi de siècle en siècle en forces productives, en liberté et en puissance. Nous avons exposé comment en France ce même système a été quelque temps imité avec succès, mais comment il y a échoué faute d’une réforme des institutions féodales, du clergé et de la monarchie absolue. Nous avons fait voir que la nationalité polonaise avait péri, parce que la monarchie élective ne possédait pas assez d’influence ni de stabilité pour faire surgir