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CHAPITRE II.

le système industriel, improprement appelé par l’école le système mercantile.[1]


Lorsque les grandes nationalités se constituèrent au moyen de réunions de peuples, opérées par la monarchie héréditaire, et de la centralisation de la puissance publique, les manufactures, le commerce et la navigation, c’est-à-dire les richesses avec la puissance maritime, se trouvaient en majeure partie, nous l’avons déjà fait voir, entre les mains de républiques municipales ou de confédérations de ces républiques. Mais, à mesure que les institutions de ces grandes nationalités se développèrent, on comprit de plus en plus la nécessité de naturaliser dans le pays ces éléments essentiels de puissance et de richesse.

Sentant qu’ils ne pourraient prendre racine ni fleurir que sur le terrain de la liberté, la puissance royale favorisa la liberté municipale, ainsi que les corporations dans lesquelles elle trouvait de plus un point d’appui contre une aristocratie féodale jalouse de son indépendance et hostile à l’unité nationale. Toutefois ce moyen fut reconnu insuffisant ; d’abord les avantages dont les particuliers jouissaient dans les villes libres

  1. Par le système mercantile on ne doit pas entendre un système conçu exclusivement en vue des intérêts du commerce. L’expression générale de marchands désignait chez nous tous ceux qui exerçaient une industrie dans une ville, les manufacturiers tout comme les commerçants. Adam Smith a donné du système mercantile la définition suivante : « Son objet est d’enrichir une grande nation plutôt par le commerce et les manufactures que par la culture et l’amélioration des terres, plutôt par l’industrie des villes que par celle des campagnes. » C’est donc, on le voit, mal à propos que List substitue à un mot depuis longtemps adopté un autre terme dont la signification est moins étendue. Ce dernier, du moins, ne s’applique au système qu’il s’agit de dénommer qu’autant que ce système encourageait les manufactures. (H. R.)