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non à travers les lunettes d’un système préconçu ou d’un principe unique qu’il veut justifier et établir. Il compare la situation des différents États de l’Italie, et trouve la plus grande richesse là où existe le commerce le plus actif, là où existe une industrie manufacturière avancée, et celle-ci là où existe la liberté civile.

Le jugement de Beccaria est déjà influencé par les fausses maximes des physiocrates. Cet écrivain, il est vrai, a découvert, soit avant Adam Smith, soit en même temps que lui, le principe de la division du travail, ou bien il l’a trouvé dans Aristote[1] ; il le pousse même plus loin qu’Adam Smith, puisqu’il ne se borne pas, comme lui, au partage des tâches dans une seule fabrique, mais qu’il montre comment la distribution des membres de la société en différentes industries enfante la prospérité publique. Néanmoins, il n’hésite pas, avec les physiocrates, à soutenir que les manufacturiers ne sont pas productifs.

Rien de plus étroit que les vues du grand publiciste Filangieri. Imbu d’un faux cosmopolitisme, il croit que l’Angleterre, par ses restrictions commerciales, n’a fait que donner une prime à la contrebande et diminuer son commerce.

Verri, qui était administrateur, ne pouvait pas se tromper à ce point ; il admet qu’il est nécessaire de protéger l’industrie indigène contre la concurrence étrangère, mais il ne voit pas ou il n’a pas osé voir que cette politique suppose la grandeur et l’unité du pays.

  1. C’est dans Xénophon ou dans Platon qu’il fallait dire (H. R.)