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secours des Médicis. Une lettre du 10 octobre 1515, qu’il adressa de sa pauvre retraite champêtre à son ami Vettori à Florence, met ce fait hors de doute.

Toutefois on a de sérieuses raisons de penser que, par cet écrit, il ne recherchait pas seulement la faveur des Médicis, qu’il ne poursuivait pas un but purement personnel, mais qu’il avait en vue l’exécution d’un plan d’usurpation, d’un plan qui n’était nullement en contradiction avec ses sentiments républicains et patriotiques, bien que la moralité de notre époque doive le réprouver comme impie. Ses ouvrages et sa correspondance diplomatique montrent qu’il connaissait à fond l’histoire de tous les États. Un regard qui plongeait si profondément dans le passé, et qui dans le présent avait tant de clairvoyance, dut aussi voir loin dans l’avenir. Une intelligence, qui, dès le commencement du seizième siècle, comprenait l’importance d’une armée nationale, dut aussi reconnaître que le temps des petites républiques était passé, que la période des grandes monarchies était venue, que la nationalité, dans l’état de choses existant alors, ne pouvait être réalisée que par l’usurpation et conservée que par le despotisme, que les oligarchies aux mains desquelles étaient les républiques italiennes, étaient le plus grand obstacle à l’unité nationale, qu’il fallait par conséquent les détruire, et que la liberté du pays renaîtrait ensuite de son unité. Évidemment, Machiavel livrait au despotisme, comme une proie, la liberté usée de quelques villes, dans l’espoir d’obtenir à l’aide de celui-ci l’unité nationale, et d’assurer par là aux générations futures la liberté sous une forme plus grande et plus imposante.

Le premier ouvrage spécial sur l’économie politique qui ait été écrit en Italie est celui d’Antonio Serra, de Naples, Sur les moyens de faire affluer l’or et l’argent dans les royaumes.

Say et Mac Culloch ne paraissent avoir lu de ce livre que le titre ; l’un et l’autre l’écartent dédaigneusement en faisant la remarque qu’il n’y est question que de la monnaie et que l’auteur a commis l’erreur de ne voir la richesse que dans les métaux précieux. S’ils en avaient lu davantage et s’ils l’avaient