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De pareils traités sont plus admissibles encore et de nature à produire de meilleurs effets entre des nations qui se trouvent à peu près au même degré d’éducation industrielle, entre lesquelles, par conséquent, la concurrence, au lieu d’être restrictive ou paralysante, et d’assurer le monopole de l’une d’elles, ne fait, comme dans le commerce intérieur, qu’exciter l’émulation et provoquer les perfectionnements et les réductions de prix. Tel est le cas pour la plupart des nations du continent. La France, l’Autriche et l’Association allemande, par exemple, n’auraient que d’excellents résultats à attendre d’une modération des droits de douane, et, même entre ces contrées et la Russie, des concessions pourraient être échangées à l’avantage commun. Ce que toutes ont aujourd’hui à redouter, c’est uniquement la prépondérance de l’Angleterre[1].

De ce point de vue, la suprématie britannique dans les manufactures, dans le commerce, dans la navigation marchande et dans la possession de colonies paraît actuellement le plus grand de tous les obstacles au rapprochement des nations ; et

  1. Les traités de commerce qui se négocient de nos jours sont de plus d’une espèce. Les nations européennes ont coutume de régler par des stipulations formelles les conditions de leurs relations avec les États non chrétiens ; de plus, pour la sécurité de leur commerce, elles astreignent par des actes solennels les pays encore imparfaitement civilisés de l’Amérique méridionale et centrale au respect des principes du droit des gens qui, en Europe, n’ont plus besoin d’être exprimés ; de pareils traités sont nécessaires et irréprochables. Les conventions par lesquelles deux peuples s’accordent des réductions réciproques et exclusives sur quelques-unes de leurs marchandises, sont devenues plus rares, et souvent elles sont empêchées par la stipulation, écrite dans beaucoup d’actes diplomatiques, du traitement de la nation la plus favorisée. Cependant il en existe encore, et il s’en prépare de nouvelles que la politique et l’économie politique s’accordent à justifier ; ce sont surtout celles qui lient l’un à l’autre des pays limitrophes, soit qu’elles frayent la voie à une association douanière, soit qu’elles aient simplement pour but de faciliter les relations de voisinage. Ces conventions, qui ne reposent pas sur les bases justement réprouvées par les pères de la science économique, trouvent habituellement appui parmi les partisans les plus décidés de la liberté des échanges. On peut en dire autant des traités de réciprocité en matière de navigation, lesquels ont pour objet de lever des restrictions et d’ouvrir au commerce des voies nouvelles. (H. R.)