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comme à ceux qui pouvaient leur être ultérieurement réservés, en vue de développer l’exportation de leurs produits agricoles en Angleterre ; et que ces deux pays sont tombés ainsi d’un degré relativement élevé de culture à un degré inférieur. Il s’ensuit qu’une nation qui, par des traités de commerce, sacrifie son industrie manufacturière à la concurrence de l’étranger et s’oblige ainsi à tout jamais à rester dans l’humble condition de nation purement agricole, commet un acte de folie. Mais il ne s’ensuit nullement que les traités destinés à encourager l’échange réciproque des produits agricoles et des matières brutes ou l’échange réciproque des produits manufacturés, soient nuisibles et condamnables.

Nous avons déjà établi que le libre commerce des produits agricoles et des matières brutes est utile à toutes les nations dans tous les degrés de culture ; par conséquent, un traité qui diminue ou qui supprime les entraves que rencontre ce commerce, doit profiter aux deux parties contractantes. Tel serait, par exemple, un traité entre la France et l’Angleterre qui faciliterait l’échange réciproque des vins et des eaux-de-vie contre les fers bruts et les houilles, ou un traité entre la France et l’Allemagne qui faciliterait l’échange du vin, de l’huile et des fruits secs contre les grains, les laines et les bestiaux.

Il résulte de nos déductions antérieures que la protection ne contribue à la prospérité d’une nation qu’autant qu’elle répond à son degré d’éducation industrielle ; que tout excès de protection est nuisible ; que les nations ne peuvent parvenir que graduellement à la perfection dans les manufactures. Deux nations, à des degrés différents d’éducation industrielle, peuvent donc, avec un égal avantage, se faire, par voie de traité, des concessions réciproques pour l’échange de produits manufacturés différents. La nation la moins avancée, hors d’état de fabriquer elle-même avec profit les articles fins, de coton et de soie par exemple, peut néanmoins être en mesure de fournir à la plus avancée une partie de son approvisionnement en articles communs.