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en tous pays, les produits bruts ne doivent être imposés à l’entrée que pour le revenu, et non dans le but de protéger l’agriculture du pays ; dans les États manufacturiers principalement, ce sont les produits de luxe de la zone torride, et non les denrées de première nécessité, telles que les céréales et le bétail, que les droits fiscaux doivent atteindre ; les contrées de la zone torride, les pays dont le territoire est borné et dont la population est encore insuffisante, ou qui sont arriérés dans leur civilisation et dans leurs institutions sociales et politiques, ne doivent taxer l’importation des objets manufacturés que pour le revenu.

Les droits fiscaux doivent toujours être assez modérés pour ne pas restreindre sensiblement l’importation et la consommation, sans quoi non-seulement ils diminueraient la puissance productive du pays, mais ils manqueraient leur but.

Les mesures de protection ne sont légitimes que dans le but d’aider et d’affermir l’industrie manufacturière du pays, chez des nations qu’un territoire étendu et bien arrondi, une population considérable, de vastes ressources naturelles, une agriculture avancée, un haut degré de civilisation et d’éducation politique appellent à prendre rang parmi celles qui excellent à la fois dans l’agriculture, dans l’industrie manufacturière et dans le commerce, parmi les premières puissances maritimes et continentales.

    les économistes les plus libéraux. On les condamne, en thèse générale, au point de vue des fabriques elles-mêmes qui seront d’autant mieux pourvues, que les producteurs des matières premières auront un débouché plus large. Mais J.-B. Say, Cours complet, IVe partie, chapitre xviii, ne les trouve plus inadmissibles dans le cas où la matière que l’un retient ne serait pas susceptible d’accroissement par de nouveaux débouchés qui s’ouvriraient pour elle. « C’est d’après cette considération, ajoute-t-il, qu’en France on interdit, peut-être avec sagesse, l’exportation des vieux cordages et des chiffons dont on fait le papier. » Mac Culloch, dans la préface de ses Principes d’économie politique, après avoir reconnu qu’il y a des cas en petit nombre où une nation méconnaît gravement ses intérêts en permettant de libres rapports avec ses voisins, allègue à l’appui de cette proposition que, si l’Angleterre avait le monopole du charbon de terre, il serait dans l’intérêt de sa richesse, comme de sa sûreté, de prohiber ou de frapper d’un droit élevé l’exportation de cet article. (H. R.)