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s’occupe avec anxiété à empêcher la sortie des métaux précieux et à en favoriser l’entrée ? Si la balance du commerce était une exploded fallacy[1], nous le demandons, pourquoi, dans de pareils temps, ne trouve-t-on pas un seul journal anglais où il n’en soit question comme de l’affaire la plus sérieuse du pays ?

D’où vient qu’aux États-Unis les mêmes esprits qui qualifiaient d’exploded fallacy la balance du commerce avant l’acte de compromis, n’ont pas cessé depuis d’en parler comme de l’affaire la plus sérieuse du pays ?

Pourquoi, enfin, si la nature des choses procure constamment à chaque pays la quantité de métaux précieux dont il a besoin, la Banque d’Angleterre essaie-t-elle de se rendre favorable cette nature des choses par la limitation de ses crédits et par l’élévation du taux de son escompte, et pourquoi les banques américaines se voient-elles de temps en temps obligées de suspendre leurs paiements en espèces, jusqu’au rétablissement d’un certain équilibre entre les importations et les exportations[2] ?


CHAPITRE XIV.

l’industrie manufacturière et le principe de conservation et de progrès.


En recherchant l’origine et les progrès des industries, nous trouvons qu’elles n’ont acquis que peu à peu les procédés


  1. Un mensonge décrié.
  2. C’est un des titres de gloire d’Adam Smith et de J.-B. Say d’avoir mis en lumière les illusions de la théorie de la balance du commerce, illusions qu’on doit croire à peu près dissipées aujourd’hui, dans lesquelles, en tout cas, les partisans de la protection douanière ne cherchent plus d’arguments. Il n’existe pas moins entre les importations et les exportations un équilibre dont le défaut amène des crises ; et il est évident qu’une nation qui, par apa- thie, par découragement, ou par toute autre cause, ne pourrait pas solder avec ses produits les produits qu’elle aurait reçus de l’étranger, marcherait vers sa ruine. En cette matière, List rectifie heureusement ou plutôt il complète des prédécesseurs exclusivement préoccupés du soin de combattre les erreurs accréditées de leur temps. (H. R.)