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eût été avantageux pour l’Allemagne, pour tout le continent européen ?

L’Inde, il est vrai, a vu son industrie manufacturière ruinée ; mais n’a-t-elle pas immensément profité sous le rapport de l’agriculture et de l’exportation de ses produits agricoles ? Les guerres entre ses nababs n’ont-elles pas cessé ? Ses princes et ses rois ne sont-ils pas heureux ? N’ont-ils pas conservé leurs vastes revenus ? Ne se voient-ils pas entièrement affranchis des pénibles soucis du gouvernement ?

Au surplus, il est digne de remarque, et, bien que ces contradictions soient familières à ceux qui, comme Adam Smith, s’appuient sur des paradoxes, que cet écrivain célèbre, après toute son argumentation contre l’existence d’une balance commerciale, reconnaît néanmoins quelque chose qu’il appelle la balance entre la consommation et la production d’un pays, mais qui, examiné de près, est tout simplement notre balance du commerce réelle et effective. Un pays dont les exportations sont dans un équilibre convenable avec les importations, peut être assuré de ne pas consommer sensiblement plus de valeurs qu’il n’en produit ; tandis que celui qui, durant une suite d’années, comme dans ces derniers temps l’Amérique du Nord, importe des articles des fabriques étrangères pour des valeurs plus considérables qu’il n’exporte de ses produits agricoles, peut être certain qu’il consomme beaucoup plus de marchandises étrangères qu’il n’en produit d’indigènes. N’est-ce pas là ce qui ressort des crises de la France en 1788 et 1789, de la Russie en 1820 et 1821, et des États-Unis depuis 1833 ?

Pour terminer ce chapitre, nous nous permettrons d’adresser quelques questions à ceux qui rangent parmi les fables surannées la doctrine tout entière de la balance du commerce :

Pourquoi une balance sensiblement et constamment défavorable a-t-elle toujours eu pour cortège, dans tous les pays qui l’avaient contre eux, les colonies exceptées, des crises commerciales, des perturbations dans les prix, des embarras financiers et une faillite générale des établissements de crédit