Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/419

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

croissante. Adam Smith s’est bien gardé de citer l’exemple de deux nations depuis longtemps indépendantes l’une de l’autre, et rivales en navigation, en commerce, en industrie manufacturière et en agriculture ; à l’appui de son opinion il n’allègue que les relations d’une colonie avec sa métropole. S’il avait vécu jusqu’à notre époque et écrit actuellement son ouvrage, il se fût bien gardé de citer l’exemple des États-Unis, qui prouve justement le contraire de ce qu’il voulait prouver.

Puisqu’il en est ainsi, pourrait-on nous objecter, il serait beaucoup plus avantageux pour les États-Unis de revenir à la condition de colonies anglaises. À cela nous répondrons : Oui, si l’Amérique du Nord ne sait pas tirer parti de son indépendance pour se donner une industrie nationale, un système propre et indépendant de commerce et de crédit. Car, ne voit-on pas que, si ces colonies ne se fussent pas séparées, la législation anglaise des céréales ne fût pas née, que l’Angleterre n’eût pas frappé de droits exorbitants le tabac américain, que des masses de bois de construction eussent été sans relâche expédiées des États-Unis en Angleterre, que l’Angleterre, loin de penser à encourager dans d’autres pays la production du coton, se fût appliquée à conserver aux Américains du Nord le monopole de cet article ; que des crises commerciales, comme celles qui ont affligé l’Amérique du Nord depuis un certain nombre d’années, n’eussent pas éclaté. Oui, si les États-Unis ne veulent ou ne peuvent avoir des fabriques, fonder un système durable de crédit, posséder des forces navales, dans ce cas, les habitants de Boston ont inutilement jeté le thé à la mer, les Américains n’ont fait que déclamer vainement sur l’indépendance et sur la grandeur future de leur pays ; et ce qu’ils ont de mieux à faire est de rentrer le plus tôt possible dans la dépendance de l’Angleterre. Alors l’Angleterre leur viendra en aide au lieu de les entraver, et elle ruinera leurs concurrents dans la culture du coton et dans celle des céréales, au lieu de leur en susciter de nouveaux par tous les moyens. La Banque d’Angleterre établira des succursales dans l’Amérique du Nord, le gouvernement anglais favorisera l’émigra-