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Bien que l’école ait fort maltraité la doctrine de la balance du commerce, les observations qui précèdent nous encouragent à exprimer ici l’opinion que, entre de grandes nations indépendantes, il existe quelque chose comme une balance du commerce, qu’il serait dangereux pour de grandes nations d’être longtemps dans un désavantage marqué sous ce rapport et qu’une sortie considérable et continue des métaux précieux y entraînerait de graves révolutions dans le système de crédit et dans les prix. Nous sommes loin de vouloir réchauffer la doctrine de la balance du commerce, telle que l’entendait ce qu’on appelle le système mercantile, et de prétendre qu’une nation doive mettre obstacle à l’exportation des métaux précieux, ou qu’elle ait à tenir un compte sévère avec chaque pays en particulier, ou que, dans le commerce entre de grands peuples, il faille s’arrêter à quelque millions de différence entre l’importation et l’exportation. Ce que nous contestons est seulement ceci, qu’une nation grande et indépendante puisse, ainsi que le prétend Adam Smith à la fin du chapitre qu’il a consacré à cette matière, importer chaque année sensiblement plus de valeurs en produits du sol et des fabriques qu’elle n’en exporte, voir diminuer chaque année la quantité de métaux précieux qu’elle possède et y substituer une circulation de papier, qu’elle puisse enfin contracter envers une autre nation une dette toujours croissante, et cependant devenir de plus en plus prospère.

C’est uniquement cette thèse soutenue par Adam Smith et reproduite par son école, que nous déclarons cent fois contredite par l’expérience, contraire à la nature des choses bien observée, absurde en un mot, pour rendre à Adam Smith l’expression énergique que lui-même emploie.

Bien entendu, il ne s’agit pas ici des contrées qui produisent elles-mêmes avec avantage les métaux précieux, et ou, par conséquent, l’exportation de ces articles présente tout à fait le caractère d’une exportation de produits fabriqués. Il n’est pas question non plus de cette différence dans la balance