Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/413

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans l’intérêt particulier de la nation à laquelle ils appartiennent. Mais, tant que des nationalités séparées subsisteront, la prudence commandera aux grands États de se préserver, au moyen de leur politique commerciale, de ces fluctuations monétaires et de ces révolutions dans les prix qui bouleversent toute leur économie intérieure, et ce but ne sera atteint que par un exact équilibre entre l’industrie manufacturière du pays et son agriculture, entre ses importations et ses exportations.

Il est manifeste que la théorie régnante n’a pas distingué, dans le commerce international, la possession des métaux précieux d’avec la faculté de disposer de ces métaux. Déjà, la nécessité de cette distinction apparaît dans les relations privées. Personne ne veut conserver l’argent, chacun cherche à s’en défaire aussi promptement que possible, mais chacun travaille à pouvoir disposer en tout temps de la somme dont il peut avoir besoin. L’indifférence pour la possession des espèces se mesure partout sur le degré de l’opulence. Plus l’individu est riche, moins il tient à la possession effective des espèces, pourvu qu’il puisse disposer à toute heure de celles qui se trouvent dans les caisses des autres. Plus il est pauvre, au contraire, moins il est en mesure de disposer de l’argent placé dans des mains étrangères, et plus il doit s’appliquer avec soin à garder une réserve. Il en est de même chez les nations industrieuses et chez les nations sans industrie. Si, en général, l’Angleterre s’inquiète peu de la quantité de lingots d’or et d’argent qui s’exportent de chez elle, elle sait fort bien qu’un écoulement extraordinaire des métaux précieux a pour effet, d’une part une hausse de la valeur de ces métaux ainsi que du taux de l’escompte, de l’autre une baisse de prix pour les articles fabriqués, et qu’une plus grande exportation d’articles fabriqués ou la réalisation des actions ou des effets publics étrangers la remet promptement en possession des espèces nécessaires à son commerce. L’Angleterre est le riche banquier qui, sans avoir un écu dans sa poche, peut tirer la somme qu’il lui plaît sur ses correspondants auprès ou au loin. Mais lorsqu’un écoulement extraordinaire de l’argent a lieu