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peut être fondé qu’au moyen de l’équilibre entre les importations et les exportations.

7° Que cet équilibre s’établit d’autant plus difficilement que les produits manufacturés de l’étranger sont admis à rivaliser plus librement avec ceux du pays, et que l’exportation des produits agricoles du pays est plus restreinte par les tarifs étrangers ; que cet équilibre, enfin, sera d’autant moins troublé que le pays dépendra moins de l’étranger pour l’achat des articles fabriqués et pour la vente des produits du sol.

Ces enseignements sont confirmés par l’expérience de la Russie.

On se rappelle les convulsions du crédit public dans l’empire russe, tant que le marché de ce pays resta ouvert à l’inondation des articles manufacturés de l’Angleterre ; rien de pareil ne s’est reproduit depuis l’établissement du tarif des douanes de 1821.

Évidemment la théorie régnante est tombée dans l’extrême opposé aux erreurs de ce qu’on appelle le système mercantile. Sans doute, on avait tort de prétendre que la richesse des nations ne consiste qu’en métaux précieux ; qu’une nation ne peut s’enrichir qu’en exportant plus de marchandises qu’elle n’en importe, de manière à effectuer la balance en important des métaux précieux. Mais la théorie régnante se trompe aussi quand elle soutient que, dans l’état actuel du monde, la quantité de métaux qui circulent dans un pays n’importe nullement, que la crainte d’en posséder trop peu est frivole, qu’il faudrait encourager leur exportation plutôt que leur importation, etc. Ce raisonnement n’est juste qu’autant que tous les peuples du monde seraient unis par un lien fédéral, qu’il n’existerait de restrictions d’aucune espèce à l’égard de nos produits agricoles chez les peuples dont nous ne pouvons payer les articles fabriqués qu’à l’aide de ces produits, que les vicissitudes de la guerre et de la paix n’occasionneraient aucune fluctuation dans la production, dans la consommation et dans les prix, que les grands établissements de crédit ne chercheraient pas à étendre sur d’autres nations leur influence